Eva Joly s’insurge contre l’arrivée de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs
Eva Joly ne digère pas l’arrivée de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs, annoncée pendant le week-end. La députée européenne dénonce une « capture de la décision politique par les intérêts privés. »
L’annonce est tombée pendant le week-end. L’ancien président de la Commission européenne de 2004 à 2014 José Manuel Barroso a été engagé comme conseiller par la banque d’affaires américaine Goldman Sachs.
Ce recrutement n’est pas du goût d’Eva Joly. La députée européenne du groupe Verts Alliance libre européenne estime qu’il s’agit d’un « très mauvais signal » adressé aux opinions publiques européennes. « C’est un scandale, c’est la capture de la décision politique par les intérêts privés », a-t-elle expliqué dans une interview aux Echos.
Barroso et Juncker : même combat
Eva Joly met d’ailleurs José Manuel Barroso dans le même panier que l’actuel président de la Commission Jean-Claude Juncker, qu’elle attaque dans son dernier livre Le loup dans la bergerie (Les Arènes), coécrit avec la journaliste du Monde Guillemette Faure. « Jean-Claude Juncker aussi représente beaucoup plus les intérêts des multinationales que des citoyens. C’est de cela dont meurt l’Union européenne. »
Eva Joly a annoncé que son groupe allait demander au Parlement européen que soit étendue à 36 mois, contre 18 aujourd’hui, la durée de l’interdiction de « pantoufler » (vendre au secteur privé une influence acquise dans le public) pour les hauts fonctionnaires européens.
José Manuel Barroso n’est pas le premier à céder aux sirènes du pantouflage. Déjà en mai, l’ex-commissaire européenne chargée de la concurrence puis des nouvelles technologies Neelie Kroes a fait son entrée au nouveau comité de conseil en politique publique d’Uber.
Indignation
L’arrivée de José Manuel Barroso chez Goldman Sachs a suscité une vague d’indignation au sein de la classe politique. La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann réclame par exemple sur Twitter la suspension de la pension versée par l’UE à l’ancien président de la Commission. À droite, Nicolas Dupont-Aignan juge que « Goldman Sachs est devenu le 28e État de l’UE », tandis qu’au Front national Marine Le Pen affirme que ce recrutement n’a « rien d’étonnant pour ceux qui savent que l’UE ne sert pas les peuples mais la grande finance. »
Exigeons la suspension de la pension de commissaire européen versée à Barroso et application article 245 traité européen @sauvonsleurope
— MN Lienemann (@mnlienemann) 11 juillet 2016
Recrutement de Barroso: Goldman Sachs est devenu le 28 ème Etat de l'UE ! Urgent d'en finir !
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 9 juillet 2016
#Barroso chez #Goldman Sachs : rien d'étonnant pour ceux qui savent que l'UE ne sert pas les peuples mais la grande finance. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 juillet 2016
Mais les réactions sont restées mesurées du côté de l’exécutif. Au gouvernement, seul le secrétaire d’État Matthias Fekl a réagi, dénonçant en Barroso un « représentant indécent d’une vieille Europe que notre génération va changer. »
Desservir les citoyens, se servir chez Goldman Sachs: #Barroso, représentant indécent d'une vieille Europe que notre génération va changer
— Matthias Fekl (@MatthiasFekl) 8 juillet 2016
