Présidentielle 2017 : pourquoi François Hollande a renoncé
La décision de François Hollande de ne pas se présenter pour un second mandat en 2017 a surpris tout le monde. En réalité le chef de l'État a subi la pression constante de ses proches et de Manuel Valls. Il a fini par craquer, conscient des risques d'éclatement qu'il faisait courir à la gauche.
L'humiliation lui était promise, François Hollande a préféré renoncer à briguer un second mandat. Mais comment le chef de l'État, qui semblait encore il y a peu de temps si sûr de son destin, a-t-il fini par tourner casaque ? Une chose semble certaine, sa décision de sortir du jeu politique n'était connue que d'un tout petit nombre d'intimes, Ségolène Royal et leurs quatre enfants notamment.
Les grognards hollandais et même son conseiller en communication Gaspard Gantzer ont été mis devant le fait accompli quelques instants seulement avant l'annonce officielle.
"Rien vu venir"
Certains de ses ministres ont carrément confessé n'avoir rien vu venir. C'est le cas de Jean-Michel Baylet, ministre de l'Aménagement du territoire qui était présent jeudi à l'Élysée, cité par Le Parisien : "Il était comme d'habitude. De bonne humeur. Rien ne s'est vu."
La décision de François Hollande, inédite dans l'histoire de la Ve République, est-elle pour autant si surprenante ? Si elle a pris tout le monde de court, elle s'explique par de multiples facteurs : son taux de popularité exceptionnellement mauvais, les sondages qui lui promettaient moins de 10 % des voix au premier tour en 2017, le long travail de sape des députés frondeurs, ont progressivement écorné l'image d'un président qui a joué avec son image plus qu'aucun autre.
La goutte d'eau du livre de confidences
La parution en octobre du livre Un président ne devrait pas dire ça a encore aggravé la situation, conduisant certains de ses proches à progressivement prendre leurs distances, certains évoquant de plus en plus ouvertement la possibilité pour Manuel Valls de le remplacer s'il n'y allait pas.
Enfin, les attaques en règle d'Arnaud Montebourg ou de Benoît Hamon qui le menaçaient de faire du PS un champ de ruines s'il décidait d'enjamber la primaire de la gauche pour se présenter en roue libre semblent lui avoir fait prendre conscience du gouffre ouvert entre lui et le PS.
Mais le coup de grâce est venu de Manuel Valls. Le 27 novembre dans Le Journal du dimanche le Premier ministre a mis une pression extraordinaire sur François Hollande en se déclarant prêt à se lancer dans la course à l'Élysée. Valls a eu beau jeu les jours suivants de nier toute "crise institutionnelle", le mal était fait et François Hollande, plus atteint que jamais, en a tiré les conséquences hier soir dans une déclaration annoncée à l'improviste et qui a pris de court tout le monde : "Je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d'elle."
