
De la petite phrase au propos sexiste, la sortie du prochain film de Lucas Belvaux ne fait pas l'unanimité dans les rangs du Front national. Depuis vendredi 30 décembre et la diffusion de la bande-annonce de "Chez nous", les cadres du parti d'extrême multiplient les critiques sur les réseaux sociaux. La sortie du film est prévue le 22 février prochain.
La raison? Même si le film du réalisateur belge ne traite pas particulièrement de la vie de Marine Le Pen, il est difficile de ne pas la comparer au personnage incarné par Catherine Jacob, Agnès Dorgelle, présidente du Bloc patriotique. Pour résumer le film, voici le pitch: "Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s'occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d'un parti extrémiste vont lui proposer d'être leur candidate aux prochaines municipales".
Le vice-président du Front National a notamment jugé, dimanche 1er janvier, que sortie du film le 22 février est inadmissible, à quelques mois seulement de la présidentielle. "On est à deux mois de l'élection présidentielle. Les films français sont financés par le contribuable français, donc en partie par beaucoup d'électeurs du Front national", a-t-il insisté sur Europe 1. "Si demain un film sortait du François Fillon ou Manuel Valls, légitimement, ils trouveront ça scandaleux. Nous trouvons cela absolument inadmissible. Peut-être faudrait-il mettre le budget de ce film sur les comptes de campagne de nos adversaires. Je ne plaisante même pas en disant cela".
La "démocratie" française de plus en plus malade : un film "anti-FN" sortira en pleine présidentielle. Financé par vous. https://t.co/wGnuoLvLC3
— Florian Philippot (@f_philippot) 30 décembre 2016
Le maire frontiste d'Hénin-Beaumont Steeve Briois est même allé plus loin sur Twitter. Il s'en est pris au physique de l'actrice censée jouer le rôle inspiré de Marine Le Pen. Soit Catherine Jacob. "Pauvre Marine Le Pen, qui est caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob. Un sacré navet en perspective", a-t-il ainsi écrit. Il faut savoir que selon l'Académie française, un pot à tabac est "une personne grosse et courte sur jambes". Pas sûre de l'actrice apprécie le compliment. Pour l'heure, elle n'a pas réagi.
Pauvre Marine Le Pen, qui est caricaturée par ce pot à tabac de Catherine Jacob. Un sacré navet en perspective ! https://t.co/zGp1DUYUxu
— Steeve Briois (@SteeveBriois) 30 décembre 2016
Dans le dossier de presse du film "Chez nous", le réalisateur originaire de Namur s'en défend et explique avoir voulu transcrire en images "un monde rural (..) devenu périurbain, suite discontinue de périphéries, un périmonde, une marge où les habitants se sentent rejetés, oubliés".
"Chez nous est un film engagé, oui. Il n'est pas militant pour autant, il n'expose pas vraiment de thèse", explique Lucas Belvaux, tout en précisant: "j'ai essayé de décrire une situation, un parti, une nébuleuse, de décortiquer son discours, de comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. De montrer la désagrégation progressive du surmoi qu'il provoque, libérant une parole jusqu'ici indicible. D'exposer la confusion qu'il entretient, les peurs qu'ils suscite, celles qu'ils instrumentalise".