Marine Le Pen répond à une demande d’interview un an et demi plus tard
Après avoir attendu un an et demi, le journal régional La Voix du Nord a décroché son interview de Marine Le Pen. Une attente longue, qui est la conséquence d’un conflit entre le journal et la candidate du Front national.
Marine Le Pen est-elle rancunière ? C’est une question que l’on peut se poser lorsque l’on sait que durant plus d’un an, la présidente du FN avait refusé tout entretien au journal La Voix du Nord. La raison: une Une que cette dernière n’avait pas apprécié. "Pourquoi une victoire du FN nous inquiète", avait titré le journal régional en novembre 2015. À l’époque, Marine Le Pen avait considéré qu’il s’agissait d’une prise de position de la part des journalistes. Dans un contexte de premier tour des élections régionales, la candidate frontiste avait parlé d’un "tract pour le Parti socialiste" pour qualifier ce titre.
Cet entretien peut donc signifier une pacification des relations entre Marine Le Pen et La Voix du Nord. Pourtant, il n’en est rien. Jean-Michel Bretonnier, le rédacteur en chef du quotidien, a tenu à indiquer dans l’article que l’interview ne changeait en rien l’opinion que pouvaient avoir les journalistes de la rédaction envers la candidate frontiste. "Nous avons saisi l'occasion pour l'alerter sur le traitement que réserve à nos journalistes du bureau d'Hénin-Beaumont la municipalité frontiste", a-t-il expliqué. Selon le reporter, les élus FN font un usage "quasi-systématique du droit de réponse" et refusent de répondre à leurs questions.
Pour certains, la pilule ne passe toujours pas
Aujourd’hui, les salariés du journal doivent faire face à un plan de départs volontaires. La Voix du Nord traverse l’une des plus graves crises depuis sa création. Steeve Briois, vice-Président du Front national et maire d’Hénin-Beaumont, a même utilisé cette information pour s’en prendre à la ligne éditoriale du quotidien. Dans un communiqué de presse visible sur le site officiel du FN, ce dernier a affirmé que cette situation était "la malheureuse conséquence d’une ligne éditoriale qui s’est radicalement politisée ces dernières années sous l’impulsion de Jean-Michel Bretonnier". Steeve Briois évoque ainsi "un militantisme rebutant".
Coralie Deleplace
