
Alain Juppé admire la loyauté, même si elle se fait rare dans le monde politique. François Baroin, chiraquien pur jus, a rallié Nicolas Sarkozy, Christian Jacob, ami de toujours de Jean-François Copé, a rallié Nicolas Sarkozy, … la liste est longue. Et pas toujours conquise à la cause de l’ancien président. De son côté, Alain Juppé est resté fidèle à Jacques Chirac. Encore aujourd’hui, il ne tarit pas d’éloges sur son mentor. Dans sa course à la primaire de la droite et du centre, il entend donc s’entourer d’hommes et de femmes qui partagent les mêmes valeurs. Interrogé par le magazine Valeurs Actuelles, Alain Juppé cite la qualité première que devra avoir son Premier ministre, si toutefois il remporte l’Élysée. ‘’La loyauté !’’, s’exclame sans hésiter le maire de Bordeaux. Avant d’ajouter, du tac au tac, ‘’c’est-à-dire exactement l’anti-portrait-robot de Monsieur Macron, qui est Brutus !’’. Est-ce à dire qu’il voit François Hollande comme un César ? Pas sûr.
Le bon sens a disparu
Pourtant, Alain Juppé n’a pas toujours été aussi abrupt envers Emmanuel Macron. En 2014 encore, il lui trouvait même quelques qualités appréciables. À l’époque, Emmanuel Macron provoque un tollé généralisé en suggérant de modifier les conditions d’accès à l’assurance chômage, totem historique des acquis sociaux. Alain Juppé s’étonne alors des vives réactions de la gauche, jugeant que les propositions d’Emmanuel Macron sont ‘’pleines de bon sens’’. Il est vrai qu’en 2014, Emmanuel Macron était un tout jeune ministre de l’Économie et n’avait pas encore fait publiquement état de ses ambitions personnelles. Alain Juppé en revanche, était déjà candidat déclaré pour la primaire de la droite et du centre. Le maire de Bordeaux ne craignait sans doute pas, à cet instant, de voir Emmanuel Macron dans la liste de ses concurrents pour l’Élysée.